Ce Montilien de 67 ans est géobiologiste. Une profession qui a immédiatement interpellé le président du tribunal correctionnel de Valence devant lequel l’homme répondait, hier, d’agression sexuelle.
« J’interviens dans les bâtiments pour changer les ambiances ». « Cela vous amène-t-il à manipuler les corps ? » interrogera le président, Thierry Ghera. « Non, mais quand j’approche mes mains, les gens se sentent bien. » Ce sont ses dons de magnétiseurs qui l’auraient conduit en ce mois de juin 2013 à recevoir une Danoise.
« Elle était venue pour son mal-être. Elle m’a confié être inquiète pour la sortie d’un de ses films à Cannes en disant “Si ça ne marche pas je suis ruinée.” J’ai passé ma main au-dessus de son corps pendant 1h30. À la fin, elle allait bien. Puis elle m’annonce que depuis 2013 elle n’a plus de libido et que son copain est très mécontent. J’ai vu que des canaux étaient bouchés, j’ai mis ma main au niveau de son clitoris de manière énergétique, sans le toucher. »
« A-t-il pu franchir les barrières énergétiques qu’il s’était fixées ? » La victime est venue spécialement de Copenhague pour l’audience. Les yeux pleins de larmes, elle lance : « Je ne peux pas contredire les mensonges ? » « Pour l’instant le tribunal n’a pas de questions à vous poser madame » lui répondra le président, avant que son conseil Emmanuel Rabier n’entame sa plaidoirie : « Ce monsieur nie les faits alors qu’il les avait reconnus de manière claire lors de la garde à vue. » Puis il évoquera les répercussions psychologiques de cet événement sur sa cliente. « Revenir faire face à son agresseur n’est pas si simple »
Pour le procureur de la République Nicolas Julia, la question qui se pose est : « Un jour a-t-il pu franchir les barrières énergétiques qu’il s’était fixées, sous le couvert de son activité de magnétiseur ? Pourquoi madame viendrait inventer une telle histoire, elle n’y a aucun intérêt. » Il requit notamment une peine de 12 mois avec sursis sur 24 mois.
« Mon client ne parle pas la même langue que vous et moi », insiste l’avocate de la défense, Me Serre. « Qu’on y croit qu’on n’y croit pas, ne nous trompons pas. L’enquêteur a traité le dossier par-dessus la jambe. Il a envoyé trois mails lorsque madame était à New York. Elle est là aujourd’hui, c’est, bien mais elle n’a jamais été auditionnée. » Concluant : « Qu’elle ait eu un fort ressenti, certainement. Mais ce n’est pas la preuve du contact physique. »
Le magnétiseur a été condamné à six mois avec sursis durant 18 mois, obligation de soin et indemnisation de la victime, et inscription au Fijais (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles).
ledauphine.com | Publié le 06/04/2016