L’avocat général a demandé jeudi la réclusion criminelle à perpétuité, avec une peine de sûreté de 22 ans, à l’encontre d’Alain Penin, «en l’espèce le maximum légal», pour le meurtre de Natacha Mougel en septembre 2010.
Actes de torture
«Il n’y a pas d’autre choix pour vous que la peine maximale: la perpétuité. Il y aurait quatre raisons de vous condamner à la perpétuité, vous avez ajouté à cela l’horreur», a déclaré l’avocat général à la fin de son réquisitoire. En détention provisoire depuis le 8 septembre 2010, Alain Penin a déjà été condamné en février 2006 par les assises des Hauts-de-Seine à 10 ans de réclusion criminelle pour le viol en mai 2004 d’une femme dans la région parisienne. Il avait bénéficié d’une libération conditionnelle en septembre 2009. Agé de 42 ans, il est accusé d’enlèvement et de séquestration avec actes de torture et de barbarie, tentative de viol avec arme, le tout en état de récidive, et homicide volontaire.
«Je suis impardonnable»
«Je sais que je dois demander pardon mais je ne peux pas car je suis impardonnable. Je mérite une sanction», a déclaré Alain Penin après la plaidoirie de son avocat, Me Abderrahmane Hammouch, qui a demandé une peine avec une durée. «On ne naît pas criminel, on le devient», a répété le conseil. L’avocat général a qualifié Alain Penin de «criminel méthodique et froid» avec «une manière d’opérer (qui) est celle d’un serial killer ou d’un serial violeur», qui «a fait subir à sa victime un calvaire sans nom».
«Penin, lève-toi !»
Le magistrat a par contre répondu par la négative à la question de savoir s’il fallait remettre en cause la libération conditionnelle. «Le risque de récidive est beaucoup plus important avec des sorties sans accompagnement», a-t-il précisé. «Vous ne pouvez pas faire oublier aux victimes que le 5 septembre 2010 Penin devait être en prison!» a plaidé Me Stéphane Maitre, avocat des beaux-parents de Natacha et pour qui la libération conditionnelle était «au centre de cette affaire».
«Vous avez vu à quel point notre système est faillible. On s’est trompé ou on a été trompé», a-t-il ajouté à l’attention des jurés. Alain Penin «essaie de vous tromper. C’est un joueur de cartes et il ne joue pas cartes sur table. Tout était préparé et organisé», a plaidé de son côté Me Emmanuel Rabier, avocat du compagnon, du frère et de la belle-soeur de Natacha Mougel. Jeudi matin, les témoignages bouleversants de sa famille et de ses proches se sont succédé à la barre.
Son père, Yves Mougel, a sommé l’accusé de répondre à ses questions: «»Penin, lève-toi! Qui es-tu? Comment tu te définis ?«» Invité par la présidente de la cour à se lever, Alain Penin, alors resté tête basse, a répondu d’une voix toujours calme mais moins audible que d’habitude: «A part tout ce que j’ai déjà dit, je ne sais pas quoi dire. Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable, monstrueux.» «Cela fait quarante mois que j’essaie de comprendre l’incompréhensible. Si j’ai ce courage d’être devant vous c’est pour essayer d’apporter une petite contribution afin de réfléchir au fonctionnement de la justice», a dit Yves Mougel.